Poésie, textes, amour, vie, société, nature, plaisir, écriture, romantique, romantisme.
26 Novembre 2006
DERNIER CRI
A toi mon ami
Aujourd’hui je t’écris,
Car dans ma ville
Il se passe des choses terribles.
Les seuls chants d’oiseaux
Sont sur nos photos.
Les pigeons voyageurs
Sont partis avant l’heure.
Dans nos regards
Plane le désespoir.
On n’ose plus penser
Qu’il y aura la paix.
A Sarajevo,
Tout était si beau.
Ils ont tout détruit,
J’entends que des cries.
Tu sais mon ami,
J’ai peur de la vie.
Je ne comprends plus rien
A ces humains.
Personne ne va plus
Se promener dans les rues.
Ils ont même tiré
Sur la place du marché.
Dans les caniveaux
Il ne coule pas que de l’eau.
Dans ce bain de sang,
Je ne sais plus vraiment.
Pourquoi les religions
Deviennent des canons ?
Ils veulent tous prêcher
L’amour est la paix,
Ça ne peut pas marcher
Avec des blindés.
Les dieux nous ont donné
La terre pour s ‘aimer.
Tous les petits enfants
Ne comprennent pas vraiment,
On ne va pas à la cave
Quand il y a de l’orage.
A l’école on nous a donné
L’adresse de français.
Depuis on s’écrit,
Tu es mon ami.
Tu sais ! Ce courrier
Sera le dernier.
Mes yeux sont voilés,
Je commence à trembler.
J’ai reçu une balle
Dans une rafale.
J’y étais pour rien,
Comme beaucoup des miens.
Pourquoi les enfants
Souffrent pour les grands ?
Pour un bout de terre
Que partageait leurs grand-pères.
Tu sais mon ami,
Ne pleure pas quand tu lis,
Car au paradis
Je serai mieux qu’ici.
Mais je voudrais juste te demander
Si tu peux prier
Pour mes amis.
Qui eux restent ici.
Et mon dernier cri
Sera à la vie.
Dis leur d’arrêter !
Ils vont tout tuer !
Tous leurs petits enfants
Qui n’auront pas le temps
De devenir grand.
Sur leurs mains, il y a du sang.
Patrice ADAM